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Macchabées génétiquement modifiés - Chapitre 1

« Salope vérolée!  Ostie de chienne sale! Horrible morue putréfiée! Danseuse de bar de routiers du fond de l’Abitibi! »

Non, décidément rien n’y faisait. Les insultes les plus simples comme les plus élaborées semblaient insuffisantes pour décrire la rage que lui inspirait la responsable du massacre qu’il avait sous les yeux. L’inspecteur Tessier douta même qu’il existât à travers l’univers une civilisation suffisamment avancée dans l’art du juron pour trouver les mots justes. Parfois, le vocabulaire si fleuri soit il ne suffisait tout simplement pas. Il tourna le dos au lit d’hôpital et ses yeux tombèrent sur un autre spectacle désolant. À travers la fenêtre grise de la chambre d’hôpital,  les nuages déversaient des hordes de trombes grises sur la vallée de l’Outaouais dont le sol gorgé se parerait bientôt d’une épaisse toison estivale. Les gouttes tombaient comme des kamikazes pissés par le ciel sur la terre. « Geronimo! » murmura l’inspecteur pensif. 

« Qu’en dis tu Barbouilleuse? On dirait que ça va se corser. 

Immobile sous les bandages et le plâtre, Virginie Casoni ne pouvait répondre. Elle laissa donc  la question de Marc-André en suspens bien qu’elle puisse parfaitement l’entendre. Les médecins l’avaient bien averti: leurs conversations seraient à sens unique pendant un moment encore. L’inspecteur n’avait de toute façon pas besoin de réponse. Il connaissait suffisamment bien son amie pour combler ses silences. Aussi continua-t-il comme si elle lui avait lancé l’une de ses piques habituelles moquant la médiocrité de ses talents conversationnels.

  • Même dans le coma, tu continues à te payer ma tête... tu es incorrigible.
  • ...
  • Tu le sais bien, maugréa-t-il, ce n’est pas de la météo dont je parlais mais de la Sauvageau. Tu devrais voir la dégaine que tu as. Elle ne t’a pas ratée. 
  • ...
  • Ne t’en fais pas pour moi. Je ne suis pas fou, je ne l’affronterai pas seul. J’ai besoin de ton aide, c’est un fait. Alors dépêche toi de sortir de ce maudit sommeil. Je t’attends. 
  • ...
  • Évidemment qu’elle n’attendra pas, elle. Je suis sur mes gardes. Et puis les renforts sont en route.
  • ...
  • Tu verras bien Barbouilleuse, je ne vais pas te gâcher la surprise. Tout ce que j’ai à t’offrir pour le moment c’est une promesse: la mante religieuse paiera pour ce qu’elle t’a fait et la facture sera salée comme de la mauvaise poutine.
  • ...
  • Marché conclu donc? Moi, je me méfies et toi, tu récupères. Repose toi, hein, pas de folie là dedans? Je reviendrai te voir en fin de journée. Entre temps, j’ai deux, trois choses à faire.
  • ...
  • Oh, rien de bien trépidant. Un gros tata romantique qui est allé mourir au milieu d’un champ de fleurs. Je te raconterai plus tard. Prends soin de toi l’artiste.”

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