Artie avait appris à écouter alors qu'il n'était encore qu'un oeuf. A travers les membranes et les couches concentriques de son enveloppe protectrice, les premiers sons qu'il perçut se résumèrent tout d'abord à un sourd murmure. Mais, petit à petit, au fur et à mesure que son cerveau apprenait à assimiler les nuances, le bourdonnement incompréhensible avait pris corps, s'était mu en un enchaînement de mots intelligibles, des bribes de conversations échangées par ses parents aux comptines qui leur étaient adressées à sa soeur et lui. Chez les Oatzins, l'apprentissage du langage se faisait in ovo , ce qui expliquait pourquoi Artie avait été capable de communiquer avec ses parents dès son éclosion. Tout au long de son développement embryonnaire, il avait aussi su écouter d'autres bruits plus intimes, comme ses premières pulsations cardiaques ou bien encore le sifflement de l'air inspiré au travers de la chambre pneumatique. Ces musiques corporelles av...