Les rayons détrempés du soleil nu bondissaient sur le bitume défoncé de la route 132, transperçant avec mollesse la brume lourde et poisseuse qui planait au ras des roseaux, pourchassant les ombres fugaces du matin jusqu’au cœur des buissons endormis. Au milieu de la plaine fantomatique, un homme seul avançait d’un pas résolu, une étrange cargaison calée sous le bras.
Henri-Paul D’amours s’arrêta un instant et huma l’air chargé des relents nauséabonds du marais de Baie au Chêne qui flottait lassement vers Pointe à La Croix au gré d’un vent sourd et changeant. Tout autour de lui, la campagne muette retenait son souffle, ourlée du silence anormal de la Première Nation Listuguj. D’ordinaire joyeuse, la troisième solitude locale semblait métamorphosée pour une raison connue des seuls Micmacs et qui, si on l’avait évoquée à voix haute, aurait paru parfaitement déraisonnable. À l’heure des nanotechnologies et de la médecine moléculaire, comment prêter crédit à une rumeur légendaire, comment croire un murmure funeste répété de bouche à oreille depuis des temps immémoriaux?
Et pourtant, si Listuguj tremblait en ce matin de novembre c’est parce qu’elle était sous le coup d’une menace surnaturelle. Au terme d’un long voyage, après presque trois siècles d’absence, on attendait Luma...
Henri-Paul D’amours s’arrêta un instant et huma l’air chargé des relents nauséabonds du marais de Baie au Chêne qui flottait lassement vers Pointe à La Croix au gré d’un vent sourd et changeant. Tout autour de lui, la campagne muette retenait son souffle, ourlée du silence anormal de la Première Nation Listuguj. D’ordinaire joyeuse, la troisième solitude locale semblait métamorphosée pour une raison connue des seuls Micmacs et qui, si on l’avait évoquée à voix haute, aurait paru parfaitement déraisonnable. À l’heure des nanotechnologies et de la médecine moléculaire, comment prêter crédit à une rumeur légendaire, comment croire un murmure funeste répété de bouche à oreille depuis des temps immémoriaux?
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