Il essuya ses yeux, touché par la candeur et l'attention spontanée que lui témoignait l'enfant. Ce faisant, il remarqua qu'elle observait ses mains couvertes de peinture et de larmes. Il les leva à la hauteur de son visage pour qu'elle puisse les examiner à loisir.
- Vous aimez la peinture, Tim?
- C'est mon métier, ma passion mais aussi et surtout, la cause de mon désarroi.
- Vraiment? Lui demanda Lucie curieuse. Et que peignez-vous? Des portraits? Des paysages?
- Non, des caprices.
Confronté à la moue dubitative de la petite, le peintre élabora. Un caprice, expliqua-t-il, était un savant mélange de réalité et de fiction, un tableau utilisant comme toile de fond un décor le plus souvent citadin et emblématique auquel se mêlaient des éléments oniriques issus de l’imagination de l’artiste. L’italien Canaletto avait été l'un des maîtres incontestés de la discipline avec Venise comme cadre de prédilection. Quant à Timothée, c’était des endroits connus de Montréal dont il se servait pour donner vie à ses caprices.
Une image valant mille mots, il demanda à la fillette d'imaginer la place Vauquelin, envahie par la savane, un troupeau d'éléphants paissant paisiblement en son milieu et se désaltérant à la fontaine
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