Chaque année le cycle revient, chaque année de pauvres hères insouciants viennent se faire occire sous ce toit. Ils disparaissent sans laisser de traces, sans éveiller le moindre soupçon. Les forces de police de Nola sont forcément complices, ne leur faites pas confiance! Ne soyez pas les prochains! Quand vos proches viendront poser des questions, Ils diront que c'est la ville qui vous a envoutés puis engloutis. Facile pour eux de blâmer une cité qui n'a ni dents ni ongles. Les choses inanimées ne peuvent pas plus protester contre une fausse accusation qu’elles ne peuvent nourrir de noirs desseins. Ce sont les êtres qui tuent...
« Salope vérolée! Ostie de chienne sale! Horrible morue putréfiée! Danseuse de bar de routiers du fond de l’Abitibi! » Non, décidément rien n’y faisait. Les insultes les plus simples comme les plus élaborées semblaient insuffisantes pour décrire la rage que lui inspirait la responsable du massacre qu’il avait sous les yeux. L’inspecteur Tessier douta même qu’il existât à travers l’univers une civilisation suffisamment avancée dans l’art du juron pour trouver les mots justes. Parfois, le vocabulaire si fleuri soit il ne suffisait tout simplement pas. Il tourna le dos au lit d’hôpital et ses yeux tombèrent sur un autre spectacle désolant. À travers la fenêtre grise de la chambre d’hôpital, les nuages déversaient des hordes de trombes grises sur la vallée de l’Outaouais dont le sol gorgé se parerait bientôt d’une épaisse toison estivale. Les gouttes tombaient comme des kamikazes pissés par le ciel sur la terre. « Geronimo! » murmura l’inspecteur pensif...
Commentaires